La première présidence de François Mitterrand dure du au .

Le , François Mitterrand, candidat du Parti socialiste, est élu président de la République. Il bat le président sortant Valéry Giscard d’Estaing et devient le premier président de gauche de la Ve République.

Le , le septennat du nouveau président s’ouvre par une cérémonie au Panthéon durant laquelle François Mitterrand rend hommage, par un dépôt de roses rouges à Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schœlcher. Il nomme par la suite son premier gouvernement, dirigé par Pierre Mauroy.

Le lendemain, il dissout l’Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et , lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes. Le quotidien du Parti communiste, L’Humanité, s’affiche comme journal officiel de la nouvelle majorité. L’une des premières décisions du gouvernement est d’octroyer la nationalité française aux écrivains Julio Cortázar et Milan Kundera1.

Les étapes du septennat

Avant une approche chronologique du premier mandat de Mitterrand, il est nécessaire d’en rappeler les principales étapes. Trois moments se distinguent tout au long du premier mandat de Mitterrand : tout d’abord, le premier ministre, Pierre Mauroy, souhaite établir le « socle du changement » en appliquant le Programme commun de la gauche. Mais face à la détérioration de la situation économique, le gouvernement opère rapidement le tournant de la rigueur en 1983. Finalement, la défaite de la majorité aux législatives de 1986 ouvre la voie de la première cohabitation.

1981-1983 : Le socle du changement

Afin de bénéficier de la fenêtre politique permise par l’élection du président, l’essentiel du programme de gouvernement est accompli au cours de la première année : réformes économiques et sociales (nationalisations, création d’un impôt sur la fortune, augmentation du SMIC et des allocations, retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, semaine de 39 heures, lois Auroux sur le droit du travail), réformes concernant la justice (abolition de la peine de mort, abolition de la Cour de sûreté de l’État et des tribunaux militaires, dépénalisation de certaines pratiques homosexuelles), décentralisation, libéralisation de l’audiovisuel, régularisation des étrangers en situation irrégulière. Les difficultés économiques poussent le gouvernement à décréter plusieurs dévaluations du franc.

1983-1986 : La rigueur

L’application du programme commun creuse les déficits et la détérioration de la situation économique oblige le gouvernement à faire un choix : poursuivre la politique économique engagée en 1981 (qui exige alors de nouvelles dévaluations) ou adopter un plan de rigueur afin que la France puisse se maintenir dans le Système Monétaire Européen, position défendue par le ministre des Finances, Jacques Delors. Mitterrand décide alors de prendre le tournant de la rigueur en 2, ce qui provoque une grande déception parmi l’électorat de gauche et des divisions dans le gouvernement : Chevènement, alors ministre de la Recherche et de l’Industrie démissionne dès et les ministres communistes renoncent à être reconduits dans le gouvernement Fabius (1984). Les difficultés économiques et le tournant de la rigueur détournent les électeurs de la gauche, qui recule à toutes les élections intermédiaires : municipales de 1983, européennes de 1984, cantonales de 1985 et régionales et législatives de 1986.

1986-1988 : La cohabitation

L’union de la droite (UDF et RPR) obtient une courte majorité à l’Assemblée nationale, après les élections législatives de , bien que le Parti socialiste reste le premier parti dans le pays et malgré l’entrée du Front national au Parlement. Mitterrand se voit alors forcé de nommer un Premier ministre issu de la nouvelle majorité: il choisit Jacques Chirac, principal chef de file de la droite à l’époque.

Gouvernements Mauroy (mai 1981-juillet 1984)

 

1981

Politique intérieure
  • Augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales et logement de 25 %, de l’allocation handicapés de 20 %.
  • Suppression de la Cour de sûreté de l’État et abolition de la peine de mort.
  • Abrogation de la loi dite « anti-casseurs », qui établissait notamment le principe d’une responsabilité pénale collective.
  • Autorisation des radios locales privées.
  • Première fête de la musique.
  • Lancement du TGV sur la ligne Paris-Lyon.
  • Régularisation de la situation de tous les étrangers en situation irrégulière qui exercent un métier et peuvent le prouver.
  • Création de l’impôt sur les grandes fortunes (supprimé en 1987, rétabli en 1988 sous le nom d’ISF, Impôt de solidarité sur la fortune).
  • Le budget 1982 double les crédits du ministère de la Culture, augmente de 512 % ceux du ministère de la Recherche, de 112 % ceux du ministère du Travail et de 37 % ceux du ministère du Logement.
  • Robert Badinter promet de doubler le rythme annuel de la construction de places en prison pour lutter contre la surpopulation carcérale (42 000 détenus, 28 000 places).
  • Premier blocage des prix pendant six mois à partir d’.
  • Emprunt d’État : dix milliards de francs à 16,2 % pour financer les réformes annoncées par le gouvernement.
  • Première des quatre dévaluations du franc (les autres suivront en 1982, 1983 et 1986)
  • À la mi-1981, la France compte 1,5 million de demandeurs d’emplois.
Politique internationale
  • Discours dit « de Cancún »3,  : Les États-Unis sont critiqués pour leur embargo contre Cuba4
  • Déclaration franco-mexicaine selon laquelle le Front de libération Farabundo Marti au Salvador est une force représentative.
  • Boycott du Festival du cinéma américain de Deauville par le ministre de la culture Jack Lang.
  • Le dialogue politique est rompu avec l’URSS en raison de la présence de troupes soviétiques en Afghanistan.
  •  : état de siège en Pologne décrété par le général Jaruzelski. Déclaration de Claude Cheysson : « Nous ne pouvons rien faire. Nous ne ferons rien ».

1982

Politique intérieure
Politique étrangère et européenne
  • Début  : signature avec l’URSS d’un contrat sur le gazoduc eurosibérien, malgré la rupture du dialogue politique.
  • Première visite d’un chef d’État français en Israël. Discours de la Knesset dans lequel François Mitterrand déclare que « l’irréductible droit de vivre » appartient à Israël et appelle au respect des droits des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Il se prononce pour un dialogue entre les deux parties. (Voir Wikiquote [archive].)
  • Mars : vente d’armes au Nicaragua gouverné par les Sandinistes.
  • Première visite d’un chef d’État français au Japon.
  • Avril-, Guerre des Malouines : François Mitterrand affiche immédiatement son soutien à la Grande-Bretagne contre l’Argentine.
  • 8e sommet du G7 à Versailles où François Mitterrand tente en vain d’obtenir des grands pays industrialisés une relance concertée5.
  •  : envoi de troupes françaises au côté des États-Unis et de l’Italie au Liban (avant l’assassinat de Béchir Gemayel, , et le massacre de Sabra et Chatila, 17-) ; départ anticipé (), sans avoir « assuré la sécurité physique des autres habitants de la région de Beyrouth » et « la restauration de la souveraineté du gouvernement », qui étaient les objectifs 2 et 3 de leur mission6.
  •  : accueil à Paris de Maurice Bishop, chef d’État marxisant de la Grenade.
  •  : en URSS, mort de Léonid Brejnev, remplacé par Iouri Andropov. Seul Pierre Mauroy se rendra aux obsèques, sans être reçu par son successeur. Valéry Giscard d’Estaing juge à cet égard la politique étrangère de François Mitterrand « trop antisoviétique ». Jacques Chirac estime la politique à l’égard de l’URSS de refus de dialogue et d’ouverture économique dangereusement « incohérente ».

1983

Politique intérieure
Politique étrangère et européenne
 
  • En janvier, création de l’Europe de la pêche.
  • Crise des euromissiles : soutien de François Mitterrand à l’installation de missiles Pershing en Allemagne pour faire contrepoids aux missiles soviétiques. Discours au Bundestag sur l’équilibre des forces le  : « Seul l’équilibre des forces peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l’Est, nos voisins et partenaires historiques. Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières de l’Europe ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. » En octobre, à Bruxelles, il déclare : « Je suis moi aussi contre les euromissiles, seulement je constate que les pacifistes sont à l’Ouest et les euromissiles à l’Est. »
  •  : expulsion de 47 diplomates soviétiques, accusés d’espionnage. Passivité soviétique.
  •  : visite d’État en Suisse7.
  •  : Opération Manta renforçant l’intervention française au Tchad.
  • Début  : annonce de la destruction d’un Boeing sud-coréen par la chasse soviétique volant au-dessus de l’espace aérien soviétique et comprenant 269 personnes. Violente condamnation par Claude Cheysson mais refus de s’associer aux sanctions décidées par les États-Unis et l’Europe.
  •  : visite en France du Président de la République algérienne, Chadli Bendjedid. La presse française annonce que « la page algérienne est tournée ».
  • Claude Cheysson annonce l’arrêt de la coopération nucléaire avec l’Irak.
  •  : attentat du Drakkar à Beyrouth. Cinquante-huit soldats français et deux cent trente-neuf marines américains sont tués. François Mitterrand se rend sur place sans prévenir la presse8.
  •  : intervention américaine à la Grenade. La France condamne.
  • François Mitterrand consacre une émission télévisée à la politique étrangère dans laquelle il maintient ses positions sur la crise des euromissiles, et se refuse toujours à rencontrer Iouri Andropov comme le lui demandent des téléspectateurs.

Janvier-juillet 1984

Politique intérieure
  • Loi n°84-52, dite loi Savary, sur l’enseignement supérieur.
  • Crise sidérurgique dans le nord : plan de modernisation. Fermeture ou reconversion des anciennes mines de charbon, accélération du processus initié depuis les années 1960.
  • Le budget de la Culture représente quasiment 1 % du budget de l’État (engagement du candidat Mitterrand en 1981).
  • Élections européennes : le Front national perce, avec presque 11 % des suffrages exprimés, le Parti communiste voit son score baisser de moitié par rapport à l’élection précédente de 1979, le Parti socialiste perd des sièges.
  • Loi n°84-130, dite loi Rigout, sur la formation professionnelle.
  • Abandon du projet de loi Savary sur l’enseignement à la suite des manifestations pour l’« enseignement libre » (les manifestations du 4 mars à Versailles et du 24 juin à Paris ont rassemblé respectivement 860 000 et 2 millions de personnes9.
Politique étrangère et européenne
  • Au 1er janvier, la France prend la présidence semestrielle de la CEE. Au sommet de Fontainebleau, les 25 et 26 juin clôturant cette présidence, une série de mesures décisives sont adoptées : règlement du contentieux avec le Royaume-Uni sur sa contribution au budget de la CEE, augmentation de ses ressources propres (la part de TVA passe de 1 à 1,4 %), première inflexion de la Politique agricole commune, création d’un comité d’experts chargé de réfléchir à une réforme des institutions européennes et qui aboutit, en 1985, à l’Acte unique.
  •  : en URSS mort de Iouri Andropov, remplacé par Constantin Tchernenko. À la différence de Margaret Thatcher, François Mitterrand ne se rend pas à ses obsèques.
  • Mars 1984 :
  • Début  : Le premier ministre sud-africain, Pieter Botha, se rend en France. Seul le Secrétaire d’état aux anciens combattants le rencontrera. Jacques Chirac condamne cet accueil glacial considérant que “L’Afrique du Sud méritait plus de nuance dans le blâme”.
  •  : François Mitterrand se rend en URSS. Dans un discours à Moscou en présence de Tchernenko, il mentionne le cas d’Andreï Sakharov exilé à Gorki depuis .

Gouvernements Fabius (juillet 1984 – mars 1986)

 
Laurent Fabius

Juillet-décembre 1984

Politique intérieure
  • Nouveau gouvernement de Laurent Fabius ; fin de la participation des communistes au gouvernement.
  • Loi contre la concentration dans la presse, partiellement invalidée par le Conseil constitutionnel et finalement abrogée en 1986.
  • Libéralisation de l’audiovisuel, création des premières chaînes de télévision privées (dont Canal+ et La Cinq).
  • Nouveau statut pour la Polynésie.
  •  : début d’affrontements en Nouvelle-Calédonie. Choix d’une politique de négociation avec le FLNKS qui appelle au boycott de toutes les élections .
Politique étrangère et européenne

1985

Politique intérieure
  • Inauguration de La Géode au parc de la Villette à Paris.
  • Loi Montagne : protection du cadre naturel, représentation des montagnards.
  • Instauration du scrutin proportionnel aux élections législatives prévues l’année suivante. C’est une promesse du candidat Mitterrand et en même temps un moyen de limiter les pertes du PS. Michel Rocard démissionne du gouvernement en avril pour protester contre l’instauration de la proportionnelle qui permettrait l’élection de députés issus du Front national.
  • Loi limitant le cumul des mandats.
  • Réforme du Code pénal.
  • Le cap des 2,5 millions de chômeurs est franchi.
  • Tenue d’élections régionales en Nouvelle-Calédonie auxquelles le FLNKS participe
Politique étrangère et européenne

Janvier-mars 1986

Politique intérieure
Politique étrangère et européenne
  • Début nouvelle expulsion de diplomates soviétiques au nombre de quatre ; réaction immédiate de Moscou qui expulse quatre diplomates français.
  • Début de l’ « Opération Épervier », au Tchad contre le GUNT pro-libyen.
  • Signature de l’Acte unique.

Gouvernement Chirac (mars 1986 – mai 1988) ; la cohabitation

L’union de la droite RPRUDF remporte les élections législatives. Jacques Chirac forme un nouveau gouvernement. C’est la première cohabitation de la 5e république. Le Front national obtient 35 députés. Le gouvernement Chirac légifèrera systématiquement par l’article 49/alinéa 3 de la Constitution le dispensant d’un vote du parlement.

Mars-décembre 1986

Politique intérieure
  • Élections régionales remportées par l’alliance RPR-UDF qui prend la présidence de 20 des 22 régions métropolitaines, accompagnée dans plusieurs cas d’alliances avec le Front National.
  • Dévaluation du franc de 3% afin d’aider les entreprises à exporter.
  • Promulgation de la loi supprimant l’autorisation administrative de licenciement.
  • Inauguration du musée d’Orsay (dont les travaux furent décidés sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing).
  • Privatisations et constitution des « noyaux durs ». François Mitterrand refuse de signer les ordonnances sur la privatisation. Le gouvernement doit passer par la voie parlementaire pour reprivatiser (Saint-Gobain, TF1, Havas, Matra, CGE, Société générale, Paribas et Suez). Constitution de noyaux durs provisoires dont certains membres sont accusés par l’opposition d’être trop proches du RPR.
  • Ordonnances du relatives à la liberté des prix et de la concurrence.
  • Vague d’attentats terroristes à l’automne 1986 (attentat notamment rue de Rennes) commis par le réseau Fouad Ali Salah.
  • Manifestations étudiantes contre le « projet de loi Devaquet » de réforme de l’Université. François Mitterrand soutient publiquement les étudiants.
Politique internationale et européenne
  • Lancement du percement du Tunnel sous la Manche.
  • 1er sommet de la francophonie.
  • à l’occasion du bombardement américain de Tripoli, Paris refuse d’ouvrir son espace aérien aux États-Unis
  •  : Déplacement de Jacques Chirac aux États-Unis.

1987

Politique intérieure
  • Inauguration de l’Institut du monde arabe.
  • Arrestation des terroristes d’Action directe puis arrestations des membres du réseau Fouad Ali Saleh (organisateur présumé de quinze attentats qui ont fait 13 morts et 303 blessés à Paris de à ).
  • Privatisation de TF1 et création de M6
  • The Walt Disney Company choisit le site de Marne-la-Vallée en France contre l’Espagne pour implanter son futur parc de loisirs Eurodisney.
  • Scandale Chaumet éclaboussant le ministre RPR de la Justice Albin Chalandon.
  • Renvoi devant la Haute Cour de justice de la république de l’ancien ministre socialiste de la Coopération Christian Nucci.
  • Rétablissement du scrutin majoritaire à deux tours par l’article 49 alinéa 3 malgré une promesse l’année précédente d’un débat sur le sujet. Valéry Giscard d’Estaing se dit troublé par cette utilisation répétée de l’article 49/3
  • Scandale du vrai-faux passeport d’Yves Chalier qui éclabousse le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua.
  •  : référendum en Nouvelle-Calédonie sur le maintien au sein de la République, boycotté par le FLNKS (98,3 % contre l’indépendance, 40 % d’abstention).
  • Célébrations du Millénaire capétien dans la basilique de Saint Denis par François Mitterrand, en présence d’Henri d’Orléans (dit le « comte de Paris »), prétendant orléaniste au trône de France. Émission d’une pièce de 10 francs à l’effigie d’Hugues Capet.
  • La balance du commerce extérieure redevient excédentaire.
  • Le chômage atteint 9,1 % de la population, un plus haut historique.
Politique internationale et européenne
    • nouvelle expulsion de six diplomates soviétiques, suivie d’une nouvelle riposte de Moscou.
    • Déplacement de Jacques Chirac en URSS
  • Rupture (provisoire) des relations diplomatiques avec l’Iran en juillet après que l’ambassade iranienne en France eut refusé de remettre aux autorités françaises Wahid Gordji, un interprète de l’ambassade d’Iran, non bénéficiaire de l’immunité diplomatique, et suspecté d’être impliqué dans la vague d’attentats terroristes (Gordjii sera finalement entendu par le juge puis expulsé vers l’Iran).

Janvier-mai 1988

Politique intérieure
  • Inauguration de la pyramide du Louvre.
  • Loi sur le financement des campagnes électorales présidentielles et législatives.
  • 22 mars : François Mitterrand annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Son programme est contenu dans une « lettre à tous les Français. »
  • 22 avril : En Nouvelle-Calédonie, un commando canaque attaque la gendarmerie de Fayawé (île d’Ouvéa), tue quatre gendarmes et prend en otage les autres. Le 5 mai, trois jours avant le second tour de l’élection présidentielle, l’armée donne l’assaut à la grotte d’Ouvéa : 21 morts (deux militaires et dix-neuf indépendantistes calédoniens).
  • Baisse du chômage à 8,8 % de la population.
Politique internationale et européenne
  • Libération des derniers otages français du Liban.

La seconde présidence de François Mitterrand dure du au .

Bien qu’il sache, depuis , qu’il est atteint d’un cancer de la prostate (les bulletins de santé, régulièrement publiés à la suite d’une promesse électorale, sont mensongers), François Mitterrand annonce le sa candidature à l’élection présidentielle pour un second mandat de 7 ans.

Après un premier tour où il devance avec 34,1 % des voix ses deux concurrents de droite, Jacques Chirac et Raymond Barre, il est réélu le 8 mai, avec 54,02 % des voix contre son premier ministre de cohabitation, Jacques Chirac.

Il nomme alors Premier ministre Michel Rocard et dissout l’Assemblée nationale.

En mai 1991, Édith Cresson succède à Michel Rocard et 10 mois plus tard, celle-ci, impopulaire, doit céder la place à Pierre Bérégovoy. L’année 1992 est marquée également par l’annonce officielle du cancer de François Mitterrand.

En mars 1993, il doit faire face à une deuxième cohabitation à la suite de la victoire de la droite aux élections législatives. Édouard Balladur forme un nouveau gouvernement.

Le 1er mai, Pierre Bérégovoy se suicide.

L’année 1994 est marquée par la sortie du livre de Pierre Péan sur la jeunesse de François Mitterrand et par la révélation de l’existence de sa seconde famille et de sa fille naturelle Mazarine Pingeot.

Le , Jacques Chirac est élu président de la République.

Gouvernement de Michel Rocard 1988-1991

Les élections législatives anticipées de juin 1988 débouchent sur une assemblée nationale sans majorité absolue pour les coalitions gouvernementales. La droite RPR-UDF est battue, et le Front national ne sauve qu’un seul de ses députés (Yann Piat). Le groupe socialiste et apparentés n’obtient cependant qu’une majorité relative alors que les communistes refusent toute alliance gouvernementale.

Pour faire voter leurs lois, les gouvernements socialistes successifs seront alors contraints de trouver des alliances sur leur gauche (avec le parti communiste) ou sur leur droite chez les éléments centristes de l’opposition, rassemblés dans l’Union du centre (UDC, groupe parlementaire autonome issu de l’UDF). Cette politique d’ouverture au centre se manifestera par l’entrée au gouvernement de personnalités de l’UDF comme Jean-Pierre Soisson et Jean-Marie Rausch, centristes comme Michel Durafour ou Olivier Stirn ou de la société civile comme Alain Decaux et (brièvement) Léon Schwartzenberg.

Juin-décembre 1988

Politique intérieure

1989

Politique intérieure
  • Affaire Péchiney-Triangle : Roger Patrice Pelat, ami de François Mitterrand, et des membres d’un cabinet ministériel, sont impliqués.
  • Élections municipales : le PS obtient sa meilleure implantation dans les villes de plus de 20 000 habitants depuis sa création. En Provence, la gauche garde Marseille grâce à Robert Vigouroux mais le PCF ne garde qu’une seule ville de plus de 100 000 habitants (Le Havre).
  • Inauguration du Grand Louvre.
  • Inauguration de l’opéra Bastille.
  • Inauguration le de la Grande arche de la Défense où a lieu le sommet des pays industrialisés.
  • Loi Jospin sur l’Éducation nationale : L’enseignement primaire est réorganisé et les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont créés. Révision du statut des enseignants du primaire, augmentation du nombre d’universités, modalités de représentation des étudiants, augmentation des salaires des personnels, simplification des grades universitaires (deux grades d’enseignants titulaires, un grade d’assistant). Le certificat d’études primaires est supprimé.
  • Loi Joxe sur l’immigration : abrogation partielle des lois Pasqua en matière d’immigration et renforcement des garanties de recours et de défense accordés aux immigrés.
  • Élargissement des possibilités pour entamer une procédure de révision d’une condamnation judiciaire.
  • Loi d’amnistie pour la Nouvelle-Calédonie.
  • Transfert au Panthéon des cendres de Condorcet, de l’abbé Grégoire, et de Monge, trois hommes symbolisant la Révolution, année de son bicentenaire.
Politique internationale
  • Visite de Yasser Arafat à Paris. À la suite des discussions avec François Mitterrand et des diplomates français, le chef de l’OLP annonce, dans la capitale française, que la charte appelant à la destruction d’Israël est « caduque ».

1990

Politique intérieure
  • Congrès du PS à Rennes en mars où s’affiche la lutte des clans dans une ambiance détestable entre les partisans de Lionel Jospin et ceux de Laurent Fabius (Mitterrandien).
  • Création de la Contribution sociale généralisée (CSG).
  • Lois instaurant une régulation du financement des partis politiques et des campagnes électorales. Vote de la loi d’amnistie du 15 janvier 1990 visant à faire table rase des crimes et délits liés à ces financements, à l’exception des crimes et délits des parlementaires, et ceux liés à l’enrichissement personnel.
  • Loi favorisant l’action philanthropique.
  • Suppression du contrôle des changes.
  • L’administration des PTT est transformée en deux établissements publics : La Poste et France Télécom.
  • Plan Jospin pour les lycées. Le , deux cent mille lycéens manifestent dans les rues de Paris pour réclamer de meilleures conditions d’études. Les représentants sont reçus, à leur demande, par le président Mitterrand, qui juge légitimes leurs revendications. Un plan de recrutement et de rénovation des locaux est adopté1.
  • Loi Gayssot interdisant les propos négationnistes et renforçant la législation contre le racisme.
  • Loi Arpaillange sur le financement des partis politiques : baisse du plafond des dépenses, augmentation des subventions publiques, obligations de transparence renforcées.
  • Stabilisation du chômage à 7,9 % de la population active.
Politique internationale et européenne
  • François Mitterrand soutient l’unification allemande, en échange de la reconnaissance de la frontière Oder-Neisse et d’un approfondissement de la construction européenne2.
  • Le 20 avril, François Mitterrand et Helmut Kohl publient un communiqué commun sur la « nécessité d’accélérer la construction politique » de la Communauté européenne et estimant que « le moment est venu de transformer l’ensemble des relations entre les États membres en une union européenne ». Cette initiative débouche sur la conférence de Rome, puis sur le traité de Maastricht.
  • Signature de la convention de Schengen.
  • Discours de La Baule.
  • Décision de l’Opération Noroît pour le Rwanda début octobre.
  • Création de la BERD, sur une idée de François Mitterrand [réf. nécessaire].

Janvier-mai 1991

Politique intérieure
  • Plan quinquennal pour les universités, dit « Université 2000 » : 23 milliards de francs d’investissement (dont 17 de l’État et 6 des collectivités locales) pour rénover les universités et en fonder six supplémentaires.
  • Nouveau statut pour la Corse. Notion de « peuple corse, composante du peuple français » invalidée par le Conseil constitutionnel.
  • Réglementation des écoutes téléphoniques : interdiction des écoutes administratives, contrôle des écoutes judiciaires.
Politique internationale

Gouvernement d’Édith Cresson (mai 1991 – mars 1992)

En mai 1991, François Mitterrand décide de remplacer Michel Rocard au poste de Premier ministre. Après avoir hésité entre Roland Dumas, Robert Badinter et Édith Cresson3, il choisit cette dernière, qui devient la première femme Premier ministre. D’abord comparée à Margaret Thatcher, elle altère son image par des propos maladroits, concernant les Anglais (« des homosexuels ») et les Japonais (« des fourmis »). Son gouvernement ne tiendra pas un an.

Mai-décembre 1991

Politique intérieure
  • Le gouvernement fait délocaliser une vingtaine d’organismes publics en banlieue parisienne ou en province, dont l’École nationale d’administration (ENA) à Strasbourg.
  • Le service militaire est ramené à 10 mois.
  • La Loi Évin contre le tabagisme et l’alcoolisme est votée.
  • Du côté des affaires politico-financières, l’affaire Urba (financement occulte du Parti socialiste par de fausses factures) défraie la chronique.
Politique internationale
  • Après avoir refusé de recevoir publiquement Boris Ieltsine, président élu de Russie, lors de son passage à Paris au printemps 1991 afin de ménager les autorités soviétiques, François Mitterrand et le monde entier sont confrontés en au putsch de Ianaëv en URSS et à la séquestration en Crimée de Mikhail Gorbatchev. Si le président Mitterrand déclare alors vouloir attendre les intentions des “nouveaux dirigeants” soviétiques reconnaissant de facto le gouvernement issu du putsch et lit en direct à la télévision une lettre que lui a envoyée Ianaëv, le président George H. W. Bush déclarait son soutien à Boris Ieltsine4, suivi par John Major Premier ministre du Royaume-Uni alors qu’Helmut Kohl apportait le sien à Gorbatchev5,6. Selon Frédéric Bozo, la déclaration télévisée de Mitterrand n’était due qu’à un souci d’apaisement afin de préserver la sécurité de Mikhail Gorbatchev7,8.

Janvier-mars 1992

Gouvernement de Pierre Bérégovoy (avril 1992 – mars 1993)

En 1992, à la suite des élections régionales et cantonales largement remportées par la droite (20 régions métropolitaines sur 22), François Mitterrand fait appel à Pierre Bérégovoy afin de tenter d’endiguer une victoire plausible de la droite aux élections législatives de 1993.

Le , ratification du traité de Maastricht après un accord conclu lors du Conseil européen de Maastricht, en , et est entré en vigueur le .

Avril-décembre 1992

Politique intérieure
  • Loi Joxe sur le maillage administratif et l’aménagement du territoire.
  • Refonte du Code pénal (achevée en 1994).
  • Loi durcissant la répression des violences conjugales.
  • Création du Code de la consommation.
  • Réforme du statut des dockers, qui remontait à 1947 et ne correspondait plus à leurs activités.
  • Moratoire sur les essais nucléaires.
Politique internationale et européenne
  • François Mitterrand se rend à Sarajevo, « forçant » le siège de l’armée serbe, le , date de l’attentat contre l’archiduc François-Ferdinand, en 1914.
  • Le traité de Maastricht, signé en février, est ratifié à une courte majorité par référendum.

Janvier-mars 1993

Politique intérieure
  • Loi Sapin, portant notamment sur le financement des partis politiques et la lutte anticorruption : baisse du plafond des dépenses, durcissement de la répression, amélioration des contrôles.
  • Loi Neiertz instituant un délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et dépénalisant l’autoavortement.

Gouvernement d’Édouard Balladur : la deuxième cohabitation

En mars, la droite remporte largement les élections législatives (le groupe socialiste et apparentés ne compte plus que 57 députés). Édouard Balladur forme un nouveau gouvernement. C’est la seconde cohabitation.

Mars-décembre 1993

Politique intérieure
  • Fin de la politique du « ni-ni ». Retour des privatisations.
  • Suicide de Pierre Bérégovoy le 1er mai. Le 4 mai, lors de ses obsèques, François Mitterrand dénonce « ceux qui ont pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme », visant les médias en général.
  • Affaire VA-OM : Lors de la garden party du , François Mitterrand prend la défense de Bernard Tapie, son ancien ministre de la ville, impliquée dans l’affaire de corruption d’arbitre lors du match entre Valenciennes et l’Olympique de Marseille. L’ancien ministre socialiste Jacques Mellick donnera un faux alibi à Bernard Tapie, précipitant leur chute politique.
Politique internationale

1994

Politique intérieure
Politique internationale et européenne

Janvier-mai 1995

Politique intérieure