Félix Faure, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un homme d’État français. Il est président de la République du à sa mort.
Issu d’une famille modeste, il entame une carrière de tanneur, avant de devenir un riche négociant en cuir. Progressivement, il entre en politique, œuvrant d’abord à l’échelon local, dans la ville du Havre, avant d’être élu député de la Seine-Inférieure à quatre reprises, siégeant parmi les Républicains modérés à la Chambre des députés.
Désigné ministre de la Marine par Charles Dupuy en 1894, il est élu, quelques mois plus tard, président de la République grâce à l’appui des monarchistes et des modérés ligués contre la candidature d’Henri Brisson, du centre-gauche. Sa présidence est d’emblée marquée par l’affaire Dreyfus, qui divise la France en deux camps résolument opposés.
Les circonstances de sa mort, survenue brutalement au palais de l’Élysée quatre ans seulement après son élection et alors qu’il se trouvait en compagnie de sa maîtresse Marguerite Steinheil, sont passées à la postérité.
Biographie
Origines modestes
Fils de Jean-Marie Faure et de Rose-Adélaïde Cuissard, François Félix Faure est né au 71, rue du Faubourg-Saint-Denis (devenu le no 65) à Paris. Il est issu d’une famille rhodanienne de menuisiers et d’ébénistes des communes de Meys et de Saint-Symphorien-sur-Coise, du côté paternel1 (1809-1889), comme par la première épouse de celui-ci, sa mère Rose Cuissard (1819-1852). Du remariage de son père, il a un demi-frère, Constantin Faure, qui est officier de marine (1860 – disparu en mer, 1884)2.
Il passe les trois premières années de sa vie rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris. En 1844, la famille déménage au faubourg Saint-Antoine, où son père crée une petite fabrique de meubles. Il suit sa scolarité au collège communal de Beauvais (1852-1854), puis à l’école Pompée (1854-1857), internat privé d’Ivry-sur-Seine, où ses résultats sont en nette amélioration. Un lycée de Beauvais porte aujourd’hui son nom. Alors que Félix Faure n’est âgé que de onze ans, sa mère meurt de la tuberculose.
Afin de parfaire sa formation, il part deux ans pour l’Angleterre, où il apprend l’anglais et les notions du commerce. Par la suite, engagé dans les chasseurs d’Afrique, Félix Faure envisage une carrière militaire, mais la campagne d’Italie de 1859 l’en dissuade. En 1861, il effectue un stage de 18 mois à la tannerie d’Amboise.
Vie privée et familiale
Le à Amboise, il épouse Marie-Mathilde Berthe Belluot3, de laquelle il a deux filles :
- Lucie Faure (1866-1913), fondatrice de la Ligue fraternelle des enfants de France, épouse sans postérité de l’écrivain Georges Goyau, membre de l’Académie française (1922). Femme de lettres elle-même, elle publie un certain nombre d’ouvrages sous le nom de « Lucie Félix-Faure Goyau », notamment une biographie d’Eugénie de Guérin2 ;
- Antoinette Faure (1871-1950) qui épouse, en 1892, l’ingénieur René Berge (1862-1948), avec qui elle a trois enfants (dont le psychanalyste André Berge, père du mathématicien Claude Berge).
Toutes deux sont amies de jeunesse de Marcel Proust.
Les premiers travaux
En 1863, Félix Faure est employé dans une maison de peausserie du Havre (Seine-Inférieure). En , devenu négociant en cuir, il fonde sa première société, « Félix Faure et Cie » : il est ainsi l’un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Lorsqu’il est élu président de la République, c’est son cousin germain Marius Cremer qui le remplace à la tête de la société.
Un franc-maçon notable
Félix Faure est franc-maçon. Sa loge « Aménité » au Havre lui délivre le grade d’apprenti en 1865, puis de maître à partir de 1869. Il y tient des conférences en 1883 et 1885 en compagnie de Paul Doumer, autre futur président de la République (élu en 1931).
Parcours politique
Débuts
Premier acte de son engagement en politique, Félix Faure signe avec des opposants à Napoléon III, en 1865, le programme de Nancy en faveur de la décentralisation.
Républicain modéré, de plus en plus enraciné au Havre, il fait pour la première fois acte de candidature aux élections municipales des et , en pleine guerre franco-allemande. Benjamin de la « liste démocratique » qui remporte tous les sièges au conseil municipal, Félix Faure est élu au 22e rang.
Le , à la suite de la bataille de Sedan, Léon Gambetta prononce la déchéance du Second Empire : la IIIe République est proclamée au balcon de l’hôtel de ville de Paris et un gouvernement provisoire est formé. Le lendemain, sur ordre du préfet, le conseil municipal du Havre est remanié et Félix Faure, ardent défenseur du nouveau régime, devient le 3e premier adjoint, à l’âge de 29 ans. Chargé de la défense de la ville, menacée par les Prussiens, il négocie notamment l’achat d’armes et de munitions, réquisitionne plusieurs milliers de Havrais, supervise l’installation d’une ligne de défense…
À la Chambre des députés
Félix Faure fut élu député de la Seine-Inférieure de 1881 à 1885, de 1885 à 1889, de 1889 à 1893 et enfin de 1893 à 1895.
Au gouvernement
Il est sous-secrétaire d’État aux Colonies dans plusieurs cabinets successifs, puis sous-secrétaire d’État à la Marine et enfin ministre de la Marine. Il publie un atlas statistique sur Les Budgets contemporains : Budgets de la France et des principaux États de l’Europe depuis 1870, Paris, Guillaumin, , 568 p., in-folio, couronné du prix Montyon de statistique l’année suivante.
Président de la République
Le , à la suite de la démission de Jean Casimir-Perier, il est élu président de la République par 430 voix sur 801 votants, soit 54 %, contre 361 voix à Henri Brisson.
La presse grinçante le surnommera très vite « Président Soleil »4 à cause de son goût du faste et de l’élégance vestimentaire5,6.
Le président Faure contribue au rapprochement franco-russe, recevant en 1896 le tsar Nicolas II dans le cadre de l’alliance franco-russe7 et faisant une visite officielle en Russie en 1897. Il participe à l’expansion coloniale, notamment avec la conquête de Madagascar. Mais les relations avec le Royaume-Uni sont tendues avec la crise de Fachoda.
Le mandat présidentiel de Félix Faure est marqué par l’affaire Dreyfus. C’est à lui qu’Émile Zola adresse, le , sa célèbre lettre ouverte « J’accuse… ! ». Félix Faure demeure, par « légalisme commode », hostile à une révision du procès, bien que son journal8 montre que progressivement il est convaincu de l’innocence du capitaine.
Durant ses obsèques, qui durent cinq jours, une foule défile devant le cercueil du président, exposé dans la grande salle des fêtes du palais de l’Élysée. Les obsèques nationales ont lieu le à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Détail des mandats et fonctions
- 1870 : élu au conseil municipal du Havre
- 1881 – 1895 : député républicain modéré de la Seine-Inférieure de la circonscription du Havre
- 1881 – 1882 : sous-secrétaire d’État au Commerce et aux Colonies
- 1883 – 1885 : 1888 : sous-secrétaire d’État à la Marine
- 1894 – 1895 : ministre de la Marine
- – : président de la République