Patrice de Mac Mahonb, comte de Mac Mahon, 1er duc de Magenta, maréchal de France, né le au château de Sully (Saône-et-Loire) et mort le à Montcresson (Loiret), est un militaire et homme d’État français, président de la République du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879.

Fait maréchal de France par Napoléon III, il est sénateur et gouverneur de l’Algérie pendant le Second Empire.

En 1871, il est à la tête de l’armée régulière (dite « versaillaise »), qui réussit à prendre le contrôle de l’ensemble du territoire français en réprimant notamment la garde nationale et les communes insurrectionnelles, dont celle de Paris, refusant de se soumettre au gouvernement Dufaure. Mac Mahon sort victorieux de cette campagne à l’intérieur, qui met fin à la guerre civile.

Légitimiste, il succède à Adolphe Thiers comme président de la République en 1873. Son mandat est notamment marqué par l’instauration du septennat, qui constitue un choix de compromis entre monarchistes et républicains, et par la crise constitutionnelle de 1877, qui le conduit à démissionner deux ans plus tard.

Biographie

Origines familiales

La famille Mac Mahon est d’origine irlandaise, réfugiée en France avec Jacques II Stuart lors de la Glorieuse Révolution de 1689, et se réclamant de la descendance des anciens rois d’Irlande.

Ils revendiquent une descendance des seigneurs de Munster ; après l’installation définitive de la famille en France, leur noblesse est reconnue par lettre patente du roi Louis XV.

Famille essentiellement militaire (quatorze Mac Mahon ont intégré l’armée), elle s’est établie en Bourgogne (Autun), au château de Sully, qui voit naître le Patrice de Mac Mahon, seizième et avant-dernier enfant de Maurice-François de Mac Mahon (1754-1831), comte de Mac Mahon, et de Pélagie de Riquet de Caraman (1769-1819), elle-même descendante de Pierre-Paul Riquet, constructeur du canal du Midi2.

Débuts et Algérie

En 1820, Mac Mahon entre au Petit Séminaire des Marbres à Autun ; il achève ses études au collège royal Saint-Louis (actuel lycée Saint-Louis) à Paris, puis il entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr à compter du , il rejoint pour deux ans l’école d’application d’état-major, le 1er octobre 1827.

Sorti troisième de l’école militaire de Saint-Cyr, il entre dans l’armée en 1827, où il est détaché au 4e régiment de hussards en 1830, participe ensuite à la conquête de l’Algérie, où, alors sous-lieutenant au 20e régiment d’infanterie de ligne, il se fait remarquer lors de la prise d’Alger par sa capacité et sa bravoure. Le , il s’illustre avec son régiment, durant l’expédition de l’Atlas, lors du combat du col de Mouzaïa qui lui permet de recevoir la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Rappelé en France, il participe en 1832 à la campagne des Dix-Jours où il attire de nouveau l’attention lors du siège de la citadelle d’Anvers.

Il devient capitaine en 1833, et revient en Algérie en 1836 où il est placé sous les ordres du général Clauzel puis du général Damrémont. Il mène des raids de cavalerie à travers les plaines occupées par les Bédouins et se distingue au siège de Constantine, en 1837, où il est légèrement blessé. En 1840, il quitte l’Afrique et apprend à son arrivée en France qu’il est promu chef d’escadron.

En mai 1841, il repart en Algérie à la tête du 10e bataillon de chasseurs à pied avec lequel il se distingue, en avril, au combat du col de Bab el-Thaza et devant les troupes d’Abd el-Kader, le 25 mai.

Le , il est promu lieutenant-colonel au 2e régiment de la Légion étrangère. En 1843, il prend les fonctions de chef de corps, en remplacement du titulaire malade, commandement qu’il garde jusqu’en 1845.

Il s’illustre de nouveau lors des combats de Chaab el Gitta et d’Aïn Kebira les 14 et .

Devenu colonel en décembre 1845, il prend le commandement du 41e régiment d’infanterie de ligne alors en garnison à Marnia.

Au début de 1848, il est nommé à la tête de la subdivision de Tlemcen. Il devient général de brigade le 12 juin de la même année. En 1849, il devient commandeur de la Légion d’honneur, et effectue l’intérim du général Pélissier, chef d’état-major de la province d’Oran.

En 1852, il organise en Algérie le plébiscite de légitimation par le suffrage universel destiné à approuver le coup d’État du 2 décembre 1851 avant de recevoir, en mars, le commandement de la division de Constantine puis d’être promu général de division, en juillet.

Mariage et descendance

Il épouse en l’église Saint-Thomas-d’Aquin de Paris le Élisabeth de La Croix de Castries, (Paris, – Paris 7e, ), fille de Charles Armand de La Croix, comte de Castries, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi et de Marie Augusta d’Harcourt-Olonde.

De cette union naissent quatre enfants :

  1. Patrice de Mac Mahon (1855-1927), 2e duc de Magenta, marié en 1896 avec la princesse Marguerite d’Orléans (1869-1940), fille du prince Robert d’Orléans, duc de Chartres, et de la princesse Françoise d’Orléans. Dont postérité ;
  2. Eugène de Mac Mahon (1857-1907), sans alliance ;
  3. Emmanuel de Mac Mahon (1859-1930), marié en 1892 avec Marguerite de Chinot de Fromessent (1872-1960), fille de Gaston de Chinot de Fromessent et de Amélie de Villiers de La Noue. Dont postérité ;
  4. Marie de Mac Mahon (1863-1954), mariée en 1886 avec Eugène comte d’Halwin de Piennes (1852-1902), fils d’Eugène d’Halwin de Piennes, secrétaire d’ambassade, député de la Manche, chambellan de l’impératrice Eugénie, et de Blandine d’Auray de Saint Pois. Sans descendance3.

Guerre de Crimée, Sébastopol

Le général de Mac Mahon durant la guerre d’Italie.

Pendant la guerre de Crimée, on lui donne le commandement de la 1re division d’infanterie du 2e corps de l’armée d’Orient et, en septembre 1855, il mène avec succès, pendant le siège de Sébastopol, l’attaque sur les ouvrages fortifiés de Malakoff, où il aurait prononcé son célèbre « J’y suis, j’y reste ! »c, ce qui aboutit à la chute de Sébastopol. Peu après, le peintre Horace Vernet le figure en vainqueur dans La Prise de la tour Malakoff, une commande de la commune d’Autun destinée à l’honorer.

Sénateur, vainqueur en Algérie

Après son retour en France, il est comblé d’honneurs et fait sénateur. Désirant pourtant une vie plus active, il refuse le commandement suprême des troupes françaises, et est une fois encore envoyé, sur sa demande, en Algérie, où il vainc complètement les Kabyles. De retour en France, il vote comme sénateur contre la loi inconstitutionnelle sur la sécurité générale, proposée après l’attentat manqué d’Orsini contre la vie de l’empereur.

Maréchal de France

Il se distingue particulièrement lors de la campagne d’Italie de 1859. Moitié par chance, moitié par audace et par flair, il pousse ses troupes en avant sans avoir reçu d’ordres à un moment critique lors de la bataille de Magenta, ce qui assure la victoire française.

Pour ses brillants services, il reçoit de Napoléon III le bâton de maréchal, et est fait duc de Magenta.

Gouverneur en Algérie

En 1861, il représente la France au couronnement de Guillaume Ier de Prusse. En 1864, il est nommé gouverneur général d’Algérie.

Son action dans ce poste représente l’épisode le moins réussi de sa carrière. Bien qu’ayant effectivement mis en œuvre quelques réformes dans les colonies, les plaintes sont si nombreuses que deux fois dans la première moitié de 1870 il présente sa démission à Napoléon III.

Quand le cabinet Ollivier, qui finit si mal, est formé, l’empereur abandonne ses projets algériens et Mac Mahon est rappelé.

Guerre de 1870 et Commune de Paris

Le maréchal de Mac Mahon dans les années 1870.

Il participe à la guerre franco-prussienne de 1870, essuie plusieurs défaites en Alsace et lors de la bataille de Sedan où il est blessé au début des combats. Piètre stratège, son action paraît confuse et marquée par une certaine indécision.

Il est fait prisonnier lors de la capitulation de Sedan, le 2 septembre.

Libéré le , il est nommé par le gouvernement légal à la tête de l’armée régulière dite « versaillaise », qui mène la campagne à l’intérieur et principalement réprime la Commune de Paris, tuant ou capturant des dizaines de milliers de personnes.

Président de la République

Il est élu président de la République par la majorité royaliste de l’époque, après la chute d’Adolphe Thiers le 24 mai 1873. Après avoir limogé le président du Conseil Jules Dufaure, il le remplace par le duc Albert de Broglie, un monarchiste, projetant ainsi une restauration de la monarchied.

C’est le projet de troisième Restauration, dont les négociations, finalement, tournent court.

L’échec de ce projet de restauration le conduit à faire voter, avec le duc de Broglie, le septennat présidentiele. Cette décision fait monter le cours des emprunts publics à la Bourse de Paris6.

« Bien que royaliste convaincu, il ne rencontrera pas le comte de Chambord en novembre 1873, estimant ne pas pouvoir allier son devoir de président de la République aux désirs du prince »7. Avec le duc de Broglie comme président du Conseil, il prend une série de mesures d’« ordre moral ». L’Assemblée ayant, le , fixé son mandat à sept ans, il déclare, le , qu’il saurait pendant sept ans faire respecter l’ordre légalement établi. Préférant rester « au-dessus des partis », il assiste plutôt qu’il n’y prend part aux procédures qui, en janvier et février 1875, aboutissent aux lois fondamentales établissant la République comme le gouvernement légal de la France (voir l’amendement du député Wallon du ). Mac Mahon s’estime responsable devant le pays plus que devant la chambre8, ce qui amène des conflits avec cette dernière.

Visite du « Maréchal-Président » à l’Empereur et l’Impératrice du Brésil, au Grand-Hotel (L’Univers illustré: journal hebdomadaire, no 1.153, 28/04/1877).

Le , il séjourne à Vernon dans l’Eure pendant plusieurs jours, afin de préparer les grandes manœuvres de la troisième armée. À la suite des élections législatives françaises de 1876, qui sont remportées par une majorité républicaine, il consent avec réticence à la formation des gouvernements Dufaure III, Dufaure IV et Jules Simon, dominés par les républicains.

Quand les mandements épiscopaux des évêques de Poitiers, Nîmes et Nevers, recommandant à la sympathie du gouvernement français le cas du pape captif Pie IX, sont suivis d’une résolution de la Chambre proposée par la gauche et demandant au Gouvernement de « réprimer les manifestations ultramontaines » (), Mac Mahon, douze jours plus tard, demande à Jules Simon de démissionner, et constitue un gouvernement conservateur sous la direction du duc de Broglie ; il convainc le Sénat de dissoudre la Chambre, et fait un voyage à travers le pays pour assurer le succès des conservateurs aux élections, tout en protestant qu’il ne désire pas renverser la République. C’est ce qu’on a appelé « le coup du 16 mai ».

Cependant, les élections suivantes du 14 octobre donnent à la gauche une majorité de 120 sièges, et le ministère de Broglie, désavoué, démissionne le 19 novembre.

Mac Mahon tente d’abord de former un gouvernement de fonctionnaires dirigé par le général de Rochebouët, mais la Chambre ayant refusé d’entrer en contact avec lui, Rochebouët démissionne dès le lendemain. Mac Mahon se voit contraint de rappeler Dufaure à la tête d’un gouvernement de gauche.

Les élections sénatoriales du ayant livré cette assemblée à la gauche, Mac Mahon, qui ne dispose plus d’aucun soutien parlementaire, préfère démissionner le , après avoir refusé de signer le décret retirant leur commandement à certains généraux8.

Il est prêté à Léon Gambetta la formule suivante, qui aurait été prononcée le  : « Le Président n’a que ce choix : il lui faut se soumettre ou se démettre. »

Le républicain Jules Grévy lui succède huit heures plus tard.

Dernières années

Patrice de Mac Mahon en 1879.

De 1887 à 1893, il dirige la Société de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.), devenue depuis 1940 la Croix-Rouge française.

Patrice de Mac Mahon meurt le au château de la Forêt, à Montcresson, près de Montargis, après avoir entrepris la rédaction de ses mémoires.

Il est inhumé le 22 octobre en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, après des obsèques nationales et une messe à l’église de la Madeleine. Les cinq cordons du char funèbre sont tenus par le général Février, grand chancelier de la Légion d’honneur, l’amiral Henri Rieunier, ministre de la Marine, le général Loizillon, ministre de la Guerre, Charles Merlin, du Sénat, et Monsieur Malvy, de la Chambre. L’oraison funèbre est prononcée par Mgr Perraud.

Son hôtel de la rue de Bellechasse est décrit de la façon suivante par son arrière-petite-fille :

« J’habitais dans l’hôtel de mon arrière-grand-père le maréchal de Mac-Mahon. Une vieille maison, donnant sur les jardins de l’hôtel de Castries, appartenant aux parents de sa femme le portrait grandeur nature du maréchal par Horace Vernet, dominait le salon de ma grand ’mère ; son appartement et celui de sa belle-sœur, la comtesse de Piennes (qui a eu sept ans le soir de Sedan), sont de véritables musées. Des tableaux et des aquarelles illustrent la campagne d’Italie et la guerre de Crimée. De grandes vitrines sont remplies d’armes et de décorations. Le buste en Sèvres du maréchal trône à chaque étage, sept gros manuscrits de ses Mémoires figurent dans la bibliothèque. Des portraits de Cour du Second Empire, des souvenirs du prince impérial ornent les murs. »
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